A l'occasion de la semaine contre le racisme, découvrez une exposition sur les Tirailleurs d'Afrique

Mis à jour le 21/03/2022

A l’occasion de la semaine d'éducation contre le racisme et l'antisémitisme, l’Office national des anciens combattants (ONACVG) du Cantal, en partenariat avec le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) du Cantal, présentera l’exposition : « Tirailleurs d’Afrique, des massacres de mai-juin 1940 à la libération de 1944-1945 : Histoire croisée et mémoire commune » du 22 mars au 7 avril prochain, au sein de l’atrium du Conseil départemental.

Présentation de l’exposition

2020 a marqué le 80ème anniversaire autour des événements de mai-juin 1940. Dans ce contexte, l’ONACVG s’est associé au Groupe de recherche ACHAC (Association pour la Connaissance de l’Histoire de l’Afrique coloniale), en s’appuyant sur un comité d’experts et d’historiens réunis depuis janvier 2020, pour réaliser une exposition pédagogique inédite intitulée : « Tirailleurs d’Afrique, des massacres de mai-juin 1940 à la libération de 1944-1945 : Histoire croisée et mémoire commune ». Cette exposition présente l’histoire des troupes coloniales, leurs origines, leur rôle décisif dans la Seconde Guerre mondiale, le destin des prisonniers originaires du Maghreb, d’Afrique sub-saharienne et des Antilles pendant l’occupation qui furent maintenus en captivité sur le sol de France dans des Frontstalags. Un large focus est consacré aux massacres racistes subis par les troupes africaines en mai-juin 1940 face à l’armée allemande, notamment ceux de Chasselay où est aujourd’hui érigée une nécropole nationale. Enfin, le long processus mémoriel de reconnaissance du sacrifice des combattants d’Afrique, depuis la fin du second conflit mondial, est présenté dans l’exposition.
Composée de 12 panneaux, cette exposition s’inscrit dans la dynamique de reconnaissance et rappelle le souvenir de ceux qui se sont illustrés pour servir la France, en lien avec son histoire coloniale, mais aussi celles des normes et des représentations, voire des stéréotypes. Elle permet d’aborder de nombreux thèmes comme ceux de l’engagement, des résistances, notamment face au racisme, de la transmission des mémoires et du souvenir. Cette exposition sera mise à la disposition du grand public et des scolaires. En outre, en marge de l’exposition, le 29 mars, une conférence sera présentée, à 14h pour les scolaires et à 17h pour tout public, par l’un des spécialistes de la question, Monsieur Julien FAGETTAS, Docteur en Histoire qui a consacré sa thèse aux Tirailleurs sénégalais de la Seconde Guerre mondiale.

Apprendre : qui sont les tirailleurs d’Afrique ?

Le corps des tirailleurs sénégalais est créé, en 1857, par un décret de Napoléon III. De cette date à leur suppression, dans les années 1960, les tirailleurs participent à toutes les campagnes coloniales menées par la France.
Soldats issus de la diversité : celle des pieds noirs, celle de soldats originaires
d’Algérie, du Maroc et de Tunisie, celle de combattants venus d’Afrique occidentale et équatoriale. Ils sont goumiers, tabors, spahis, tirailleurs, zouaves,… Des milliers d’hommes unis par la fraternité d’armes au service du drapeau français.
Les tirailleurs sénégalais jouent un rôle actif dans la défense ou la reconquête du territoire national lors des deux conflits mondiaux. Entre 1914 et 1918, sur les 161 250 tirailleurs recrutés, 134 000 interviennent sur différents théâtres d'opération, notamment aux Dardanelles et sur le front de France, à Verdun ou sur la Somme (1916), sur l'Aisne (1917), tandis que les autres servent outre-mer comme troupe de souveraineté. Durant la Seconde Guerre mondiale, ils participent aussi bien à la bataille de France, en 1940, qu'à l'ensemble des combats menés par la France Libre, intervenant notamment au Gabon (1940), à Bir-Hakeim (1942) ou encore débarquant en Provence avec la 1ère armée (1944).
Des tirailleurs interviennent également lors des deux grands conflits de décolonisation, en Indochine (1945-1954) et en Algérie (1954-1962). Les régiments de tirailleurs sénégalais sont transformés en régiments d'infanterie de marine en 1958 avant d'être définitivement supprimés entre 1960 et 1962.

S’indigner de la stigmatisation et du racisme subis par ces soldats venus d’Afrique

La France est la première des puissances coloniales européennes à engager ses troupes sur le sol européen en 1870. Cet emploi lui est reproché par les Prussiens, au motif qu’il serait déloyal d’engager des « sauvages » dans des conflits entre « civilisés». Amplifiée par la propagande allemande pendant la Première Guerre mondiale, cette stigmatisation des soldats issus des colonies conduira à l’exécution sommaire et au massacre de milliers de tirailleurs africains prisonniers ou à l’issue des combats en mai-juin 1940 sur le front de France, lors de la Seconde Guerre mondiale, par une armée allemande sous influence de la propagande nazie. Ainsi, l’édition du 6 juin 1940 du journal des SS, Das Schwarze Korps, dénonce la France qui a trahi la « race blanche » en recrutant « des animaux de la jungle ». Leur participation au conflit en 1914-1918, aux combats de mai-juin 1940 ainsi qu’à la Libération de la France en 1944-1945 sont des épisodes importants de notre histoire. Madame Messaline SCHULTZ, Directrice de l’ONACVG du Cantal, nous livre que : « Retracer l’histoire de ces soldats aujourd’hui, c’est s’attacher à un passé commun, dorénavant au cœur des relations entre la France et les pays africains. Si la reconnaissance du sacrifice a été constatée au sein des armées, elle a été peu présente dans la mémoire collective nationale ». Aujourd’hui, monuments du souvenir, sites de mémoire, commémorations et cérémonies militaires sont de plus en plus nombreux sur le territoire national, pour corriger les oublis de l’histoire et de la mémoire.
Elle ajoute : « Ces soldats méconnus ne doivent pas demeurer des soldats inconnus. Ce travail de mémoire sur les combattants africains de la Seconde Guerre mondiale est essentiel pour la reconnaissance de leur dévouement et la transmission de leur souvenir. »

Découvrir l’histoire du Tata sénégalais de Chasselay, lieu de mémoire unique en France

Au total, dans les combats des 19 et 20 juin 1940, 188 tirailleurs sénégalais, 6 tirailleurs nord-africains et 2 légionnaires sont tués au combat. La majorité est enterrée au « Tata sénégalais de Chasselay ». Ses hauts murs et les pierres tombales des soldats peints en rouge rappellent la latérite, terre typique d'Afrique de l'Ouest. En wolof, langue parlée au Sénégal, Tata signifie « enceinte de terre sacrée » où sont enterrés les guerriers morts au combat. Ce lieu unique est dû à Jean-Baptiste Marchiani, secrétaire général de l'Office départemental des mutilés, combattants, victimes de la guerre et pupilles de la Nation. Dans les jours qui suivent les combats, il fait procéder à un recensement aussi précis que possible des victimes des combats et des massacres. Il achète à Chasselay, commune située en zone non-occupée et sous l’autorité du régime de Vichy, un terrain à proximité du lieu-dit « Vide-sac » où ont été exécutés une cinquantaine de tirailleurs. Il y fait transporter les autres corps et l’inauguration du Tata a lieu le 8 novembre 1942, trois jours avant que les Allemands n’occupent la totalité du territoire. Ce lieu de mémoire et de recueillement est propriété du ministère des Armées et a été classé nécropole nationale en 1966. Il est géré par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG).